by Audrey Bartis, Semiologist and Art theorician
(original text in French)
In the beginning there is the contact of the fingertip with he piano key. A few millimeters of skin touch a piece of wood, and the sound becomes a reality. Ana Pérez Ventura has repeated this gesture millions of times during her life as a pianist. However after so many years, she questions this corporal and artistic activity, as if the mystery were still present.
She is an artist who practices two artistic disciplines at the same time, which are both very demanding. Her practices in painting and music are communicated, harmonized, fused, talk to each other, always through gesture. In both cases, the hands and the body must incessantly learn the discipline of beauty, since there is nothing less natural for human beings than to make a sound appear, a colour. In other words, the artist always has to repeat and repeat, until that which is strange, painful, unbearable is so deeply engraved in their body that it becomes an integral part of it.
In her artwork, Ana Pérez Ventura does not represent music, but “making” music. She shows the intimate, corporal and at the same time universal part of the music that is being created. In this way she reveals an invisible part of the world, through her emotions, because this is her role as an artist.
The practice of music, like that of painting, is often inaccessible to those who are not artists. Under the sober, minimalist appearance of a deep meditation on the line, there is a liberating, relieving, pleasurable work. Beyond the hours of grief and tedium of the artist who repeats the same gesture without ceasing, there is the joy of the music that runs through their flesh, the ecstasy of a percussive trance and the pleasure of merging with that vital breath that enlivens all things – and that art causes us to directly feel, in its most deprived and immediate forms.
For her first solo exhibition in her home town, Ana Pérez Ventura has brought together three series that represent various facets of her current work.
The Études series began several years ago. This in-depth investigation of the repetition of the circular gesture is an acrylic work where continuous white lines and blue glazes are superimposed. The repetition time of the musical gesture disappears forever; this pictorial work allows the artist to record it definitively. Each canvas is the embodiment of a studio, which, like musical studios, allows you to integrate a technical gesture corporeally. Extensive colour, hypnotic movement of line, each work is animated by the presence of the artist’s hand and at the same time with her musical obsession that takes shape.
The Neumas series is based on musical notation, another important dimension of the musician’s relationship with their practice. Here she shows us opus 25 of the Chopin Études, each piece corresponds to an étude. By transcribing and superimposing notes, she shows the melodic line and repetitive writing of this music. The black and white keys give direct access to the minimalist essence of a composer always present in the life of musicians.
The Notages series inverts the principle of the Neumes transforming the additive principle of the painting with that of the subtraction of the hole. Hanon exercises generally do not provide any musical pleasure to pianists as they are practiced only as technical training. A difficult and delicate process, each perforation, like each note of these exercises, must be executed with maximum perfection, running the risk of having to start over from the beginning. Like a double negative of sound, the small emptied spaces are imposed in a full space to enliven it and to give it relief and rhythm.
Because, finally, through her different explorations, what the artist reveals to us is the synesthetic dimension of all art: sound can be translated into colour, a form can be heard, because everything is movement, everything is energy – since beauty transcends all forms, limits and languages. In this exhibition, linking scores, gestures and painting, Ana Pérez Ventura reminds us in her way that painting is always a performance and that music is always corporal.
[FR]
ANA PEREZ VENTURA,
QUAND LE SON SE FAIT GESTE
par Audrey Bartis, semiologue et théoricienne de l’art
Au départ, il y a le contact de la pulpe du doigt avec la touche du piano. Quelques millimètres de peau entrant en contact avec un petit morceau de bois, et le son prend corps. Ana Pérez Ventura a répété ce geste des millions de fois dans sa vie de pianiste. Pourtant, elle interroge cette pratique corporelle et artistique, comme si le mystère restait entier, après toutes ces années.
C’est une artiste qui travaille en parallèle deux disciplines artistiques aussi exigeantes l’une que l’autre. Ses pratiques de la peinture et de la musique se répondent, se questionnent, fusionnent, dialoguent, toujours à travers le geste. Dans les deux cas, la main et le corps doivent apprendre, inlassablement, la discipline du beau, car rien n’est moins naturel à l’humain que de faire apparaître un son, une couleur. Alors, l’artiste doit répéter, répéter encore, jusqu’à ce que le geste d’abord étrange, douloureux, insupportable, s’inscrive si profondément dans le corps pour devenir une évidence.
Dans son travail plastique, Ana Pérez Ventura ne représente pas la musique, mais le «faire» de la musique. Elle donne à voir la part intime, corporelle, à la fois individuelle et universelle, de la musique en train de se faire. Elle révèle ainsi une part invisible du monde, à travers ses émotions, car c’est son rôle d’artiste.
La pratique de la musique, tout comme celui de la peinture, reste normalement inaccessible à ceux et celles qui ne sont pas artistes. Sous les apparences sobres et minimales d’une profonde méditation sur la ligne, c’est un travail libérateur, exutoire, jouissif. Au-delà des heures de souffrance et l’ennui de l’artiste qui répète sans cesse le même geste, il y a la joie de la musique qui transite à travers sa chair, l’extase d’une transe percussive et le plaisir de faire corps avec ce souffle de vie qui anime toute chose – et que l’art nous donne à sentir, directement, dans ses formes les plus nues et les plus immédiates.
Pour sa première exposition personnelle dans sa ville natale, Ana Pérez Ventura a rassemblé trois séries qui représentent plusieurs facettes de son travail en cours.
La série des Études a été commencée il y a plusieurs années. Cette profonde recherche sur la répétition du geste circulaire est un travail à l’huile en superpositions de lignes continues blanches et de glacis bleus. Le temps de la répétition du geste musical disparaissant pour toujours, ce travail pictural permet à l’artiste de l’enregistrer de manière définitive. Chaque toile est l’incarnation d’une étude qui, comme les études musicales, lui permet d’intégrer corporellement un geste technique. Matière profonde de la couleur, mouvement hypnotique de la ligne, chaque toile s’anime à la fois de la présence de la main de l’artiste et de son obsession musicale qui prend corps.
La série Neumas est basée sur la notation musicale, une autre dimension importante du rapport de la musicienne à sa pratique. Ici, elle nous donne à voir l’opus 25 des Études de Chopin, chaque pièce correspondant à une étude. En transcrivant les notes et en les superposant, elle donne à voir la ligne mélodique et l’écriture répétitive de cette musique. Le noir et le blanc des touches permettent d’accéder directement à l’essence minimale d’un compositeur omniprésent dans la vie de nombreux musiciens.
La série Notages renverse le principe des Neumas en transformant le principe additif de la peinture par la soustraction du trou. Les exercices de Hanon ne procurent généralement aucun plaisir musical aux pianistes qui les travaillent pour le seul entraînement technique. Processus difficile et délicat, chaque trou, comme chaque note de ces exercices, doit être fait à la perfection, au risque de devoir recommencer depuis le début. Comme un double négatif du son, les petits espaces évidés s’imposent dans un espace plein pour l’animer et lui donner relief et rythme.
Finalement, à travers ses différentes recherches, ce que l’artiste nous révèle, c’est la dimension synesthésique de tout art : le son peut se traduire en couleur, une forme peut être perçu par l’oreille, car tout est mouvement, tout est énergie – puisque la beauté transcende toutes les formes, toutes les limites et tous les langages.
Dans cette exposition, en faisant le lien entre partition, geste et peinture, Ana Pérez Ventura nous rappelle à sa manière que la peinture est toujours performative et que la musique est toujours corporelle.
[ES]
ANA PÉREZ VENTURA,
CUANDO EL SONIDO SE CONVIERTE EN GESTO
por Audrey Bartis, Semióloga e Teórica del Arte
(texto original en francés)
Al principio existe el contacto de la yema del dedo con la tecla del piano. Unos milímetros de piel tocan un trocito de madera, y el sonido se hace realidad. Ana Pérez Ventura ha repetido este gesto millones de veces durante su vida de pianista. Sin embargo, ella cuestiona esta actividad corporal y artística, como si el misterio siguiera estando presente, después de tantos años.
Es una artista que practica en paralelo dos disciplinas artísticas, ambas muy exigentes. Sus prácticas en pintura y música se comunican, se armonizan, se fusionan, dialogan, siempre a través del gesto. En ambos casos, las manos y el cuerpo deben aprender incesantemente la disciplina de la belleza, dado que nada es menos natural para el ser humano que hacer que aparezca un sonido, un color. O sea que la artista tiene que repetir y repetir siempre, hasta que lo extraño, lo doloroso, lo insoportable se grabe tan profundamente en su cuerpo que entre a formar parte integrante del mismo.
En su trabajo plástico, Ana Pérez Ventura no representa la música, sino el “hacer” música. Ella muestra la parte íntima, corporal y a la vez universal, de la música que se está creando. Revela de este modo una parte invisible del mundo, a través de sus emociones, porque éste es su papel como artista.
La práctica de la música, como la de la pintura, suele resultar inaccesible para aquellos y aquellas que no son artistas. Bajo la apariencia sobria y minimalista de una profunda meditación sobre la línea, existe una labor liberadora, de desahogo, placentera. Más allá de las horas de pesadumbre y de tedio de la artista que repite sin cesar el mismo gesto, existe la alegría de la música que recorre su carne, el éxtasis de un trance percusivo y el placer de fundirse con ese soplo vital que aviva todas las cosas –y que el arte nos hace sentir, directamente, en sus formas más despojadas y más inmediatas.
Para su primera exposición individual en su ciudad natal, Ana Pérez Ventura ha reunido tres series que representan diversas facetas de su obra actual.
La serie Études tuvo inicio hace varios años. Esta profunda investigación de la repetición del gesto circular es una obra en acrílico donde se superponen líneas continuas blancas y veladuras azules. El tiempo de la repetición del gesto musical desaparece para siempre, esta labor pictórica permite que la artista lo registre de manera definitiva. Cada lienzo es la encarnación de un estudio, que, como los estudios musicales, le permiten integrar corporalmente un gesto técnico. Materia profunda del color, movimiento hipnótico de la línea, cada obra se anima con la presencia de la mano de la artista y al mismo tiempo con su obsesión musical que toma cuerpo.
La serie Neumas está basada en la notación musical, otra dimensión importante de la relación del músico con su práctica. Aquí ella nos muestra el opus 25 de los Estudios de Chopin, cada pieza corresponde a un estudio. Al transcribir las notas y al sobreponerlas, muestra la línea melódica y la escritura repetitiva de esta música. El negro y el blanco de las teclas permiten acceder directamente a la esencia minimalista de un compositor omnipresente en la vida de los músicos.
La serie Notages invierte el principio de los Neumas transformando el principio aditivo de la pintura por el de la sustracción del agujero. Los ejercicios de Hanon generalmente no proporcionan ningún placer musical a los pianistas ya que los practican únicamente como entrenamiento técnico. Proceso difícil y delicado, cada perforación, como cada nota de estos ejercicios, se debe ejecutar con la máxima perfección, corriendo el riesgo de tener que volver a empezar desde el principio. Como un doble negativo del sonido, los pequeños espacios vaciados se imponen en un espacio lleno para animarlo y proporcionarle relieve y ritmo.
Porque, finalmente, a través de sus diferentes exploraciones, lo que la artista nos revela, es la dimensión sinestésica de todo el arte: el sonido puede traducirse en color, una forma puede ser percibida por el oído, porque todo es movimiento, todo es energía –dado que la belleza trasciende todas las formas, todos los límites y todos los lenguajes.
En esta exposición, enlazando partitura, gesto y pintura, Ana Pérez Ventura nos recuerda a su manera que la pintura siempre es performativa y que la música siempre es corporal.
[GAL]
ANA PÉREZ VENTURA,
CANDO O SON SE CONVERTE EN XESTO
Audrey Bartis. Semióloga e Teórica da Arte
Ao principio existe o contacto da xema do dedo coa tecla do piano. Uns milímetros de pel tocan un anaquiño de madeira, e o son faise realidade. Ana Pérez Ventura repetiu este xesto millóns de veces durante a súa vida de pianista. Con todo, ela cuestiona esta actividade corporal e artística, coma se o misterio seguise estando presente, despois de tantos anos.
É unha artista que practica en paralelo dúas disciplinas artísticas, ambas moi esixentes. As súas prácticas en pintura e música comunícanse, harmonízanse, fusiónanse, dialogan, sempre a través do xesto. En ambos os casos, as mans e o corpo deben aprender incesantemente a disciplina da beleza, dado que nada é menos natural para o ser humano que facer que apareza un son, unha cor. Ou sexa que a artista ten que repetir e repetir sempre, ata que o estraño, o doloroso, o insoportable se grave tan profundamente no seu corpo que entre a formar parte integrante do mesmo.
No seu traballo plástico, Ana Pérez Ventura non representa a música, senón o “facer” música. Ela mostra a parte íntima, corporal e á vez universal, da música que se está creando. Revela deste xeito unha parte invisible do mundo, a través das súas emocións, porque este é o seu papel como artista.
A práctica da música, como a da pintura, adoita resultar inaccesible para aqueles e aquelas que non son artistas. Baixo a aparencia sobria e minimalista dunha profunda meditación sobre a liña, existe un labor liberador, de desafogo, pracenteiro. Máis aló das horas de pesadumbre e de tedio da artista que repite sen cesar o mesmo xesto, existe a alegría da música que percorre a súa carne, a éxtase dun transo percusivo e o pracer de fundirse con ese sopro vital que aviva todas as cousas –e que a arte nos fai sentir, directamente, nas súas formas máis desposuídas e máis inmediatas.
Para a súa primeira exposición individual na súa cidade natal, Ana Pérez Ventura reuniu tres series que representan diversas facetas da súa obra actual.
A serie Études tivo inicio hai varios anos. Esta profunda investigación da repetición do xesto circular é unha obra en acrílico onde se superpoñen liñas continuas brancas e veladuras azuis. O tempo da repetición do xesto musical desaparece para sempre, e este labor pictórico permite que a artista o rexistre de maneira de nitiva. Cada lenzo é a encarnación dun estudo, que, como os estudos musicais, permítenlle integrar corporalmente un xesto técnico. Materia profunda da cor, movemento hipnótico da liña, cada obra anímase coa presenza da man da artista e ao mesmo tempo coa súa obsesión musical que toma corpo.
A serie Neumas está baseada na notación musical, outra dimensión importante da relación do músico coa súa práctica. Aquí ela móstranos o Opus 25 dos Estudos de Chopin, cada peza corresponde a un estudo. Ao transcribir as notas e ao sobrepoñelas, mostra a liña melódica e a escritura repetitiva desta música. O negro e o branco das teclas permiten acceder directamente á esencia minimalista dun compositor omnipresente na vida dos músicos.
A serie Notages inviste o principio dos Neumas transformando o principio aditivo da pintura polo da subtracción do buraco. Os exercicios de Hanon xeralmente non proporcionan ningún pracer musical aos pianistas xa que os practican unicamente como adestramento técnico. Proceso difícil e delicado, cada perforación, como cada nota destes exercicios, débese executar coa máxima perfección, correndo o risco de ter que volver empezar desde o principio. Como un dobre negativo do son, os pequenos espazos baleirados impóñense nun espazo cheo para animalo e proporcionarlle relevo e ritmo.
Porque, nalmente, a través das súas diferentes exploracións, o que a artista nos revela, é a dimensión sinestésica de toda a arte: o son pode traducirse en cor, unha forma pode ser percibida polo oído, porque todo é movemento, todo é enerxía –dado que a beleza transcende todas as formas, todos os límites e todas as linguaxes.
Nesta exposición, enlazando partitura, xesto e pintura, Ana Pérez Ventura lémbranos á súa maneira que a pintura sempre é performativa e que a música sempre é corporal.